L’ovalie sans fausse note

L'engagement collectif

Philippe THIVAT © Alain Hiot

Le rugby de par sa culture, son appartenance à un groupe, nous apprend les bases de l’engagement collectif sans lesquelles aucune victoire n’est possible. Si chacun joue partition la notion d’équipe vient à s’affaiblir. Dans les groupes de musique où jouer sa partition est essentielle, les relations humaines sont souvent altérées. Des acteurs de ces différents domaines nous livrent leurs sentiments respectifs.Dans toute aventure commune la notion de se mettre au service de l’autre est un gage de réussite. Le concept de groupe désigne par excellence où se joue l’articulation entre l’individuel et le collectif, où se définit le sentiment d’appartenance et d’exclusion, où s’élabore l’identité de chaque personne. crédit photo:  © Alain Hiot

Dans chaque aventure partagée, sportive ou culturelle la somme de personnes qui la compose tend à se diriger vers un but commun. Comment chaque sportif, chaque artiste expriment leurs ressentis par rapport à un groupe qui peut soit le porter et le faire grandir, soit devenir oppressant et enfermant. Camille Delteil joueuse de rugby à l’Asm Romagnat rugby féminin témoigne : « Le rugby nous apporte un objectif d’ensemble où règnent la solidarité et labienveillance, l’effet d’appartenance à un groupe s’en trouve renforcé . » La gestion des conflits est confiée aux entraîneurs, clairement identifiés comme les régulateurs de l’état émotionnel de l’équipe. À voir les encouragements distillés entre les joueuses sur le terrain, nous pouvons observer que la dynamique de groupe porte un effet positif sur la construction de chacune. Comme le relate de nouveau Camille Delteil: « Le fait de partager cette expérience collective autour du rugby m’a apporté des codes sociaux importants, le rugby m’a aidé à me construire et à prendre confiance en moi.»

Pour Marie Trottard, également joueuse de l’Asm Romagnat rugby féminin, c’est la notion de complémentarité qui est importante comme elle nous en informe: « À l’intérieur d’un groupe,chaque individu doit amener une plus valu afin de créer une synergie nécessaire à son bon fonctionnement. » De plus ajoute-t-elle : « Le rugby nous apporte ce besoin de créer du lien et dedévelopper notre manière de communiquer . » Ce sport collectif, sport de contact et d’engagement a cette faculté de fédérer ses pratiquants et de les aider à avancer dans la vie.

« Dans les milieux artistiques nous avons beaucoup à apprendre des sports collectifs et de la manière dont cela est géré. »

Dans les groupes de musique, il y a une souvent une obligation d’immédiateté de résultats. Les musiciens, pressés de côtoyer le succès en oublient souvent ce qu’ils se sont promis de partager. Les relations humaines s’en trouvent donc altérées, les conflits éclatent à l’intérieur du groupe et l’aventure, si belle au départ prend fin subitement.

Stefan Colomb producteur de musique sur le bassin vichyssois a vu passer beaucoup de groupes dans son studio. Il en retient donc une certaine expérience qu’il nous livre ici : « Il faut d’abord créer un lien humain et accepter que la parole circule librement. » La confiance est un gage de réussite important si l’on veut se lancer dans une production, dans une création. Tout comme une équipe de sports, les musiciens vont être confrontés à des écueils et c’est dans ces moments – là qu’il va falloir faire preuve de solidarité et de remise en question. Stefan Colomb insiste sur ce point : « Contrairement aux équipes de rugby où le projet de jeu, de vie est solidement ancré, les groupes de musique, bien souvent, survolent et négligent l’essentiel de ce pour quoi ils sont ensemble. »

Ce producteur de musique d’expérience se voit comme le garant du projet qui lui a été confié et se montre bienveillant avec les membres des formations qu’il accompagne. Inspiré des valeurs du jeu de l’ovalie, Stefan Colomb insiste sur les aspects relationnels, collectifs et solidaires que de telles aventures nécessitent : « Il est important de veiller à l’équilibre du groupe, afin que chaque individu qui le compose se sente à l’aise avec ses ressentis. » Et pour ce musicien expérimenté de citer : « Dans les milieux artistiques nous avons beaucoup à apprendre des sports collectifs et de la manière dont cela est géré. » Dans une société de plus en plus individualiste où chacun recherche inconsciemment ou non un peu de lumière, il n’est pas évident de se rappeler qu’il est difficile d’exister sans la contribution de l’autre, que l’on soit musicien, acteur ou sportif. C’est bien là l’essence même de toute esquisse mise en commun.

Philippe THIVAT.

L’ovalie sans fausse note

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